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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 19:48

Source: http://www.voyageplus.net/

Auteurs: Jacques Héroux et Ginette Ledoux

 

L'Inde, c’est l'expérience ultime du voyage. Impossible d'être plus dépaysé qu’en Inde, impossible aussi de rester indifférent. Parce que l'Inde nous «rentre dedans», littéralement.

Tout en Inde est déconcertant. C’est le pays des expériences sensorielles fortes et tous les sens sont mis à contribution. L'Inde est un pays extrêmement coloré : les saris des femmes, les camions décorés comme des sapins de Noël ou les étalages des marchés ponctuent d’innombrables taches de couleurs un fond de paysage déjà vif. L’Inde est un pays très sonore : la conduite automobile au klaxon, les éclats de voix qui montent des foules, les sonnettes des vendeurs d’eau ou les aboiements des chiens ne donnent aucune chance au silence. L’Inde est un pays très odorant : les parfums d’encens et l’arôme des épices luttent contre l’odeur des feux de cuisson, la pollution par les gaz d’échappement ou les effluves d’égouts à ciel ouvert. L’Inde est un pays très goûteux : le feu en bouche dès le petit déjeuner - feu qui se propage vite à tout le système digestif - n’a rien en commun avec la nourriture servie dans les restos indiens d’occident où les saveurs sont nettement adoucies pour ménager nos palais délicats. L’Inde est un pays tactile : outre que le voyageur doit souvent se frayer un chemin à travers une foule compacte, beaucoup d’Indiens aiment les contacts physiques comme donner la main, toucher le bras ou prendre aux épaules.

Voyager en Inde c'est essayer de comprendre l'une des plus vieilles civilisations du monde. C’est voir des sites fabuleux comme le Taj Mahal, les temples Dilwara du Mont Abu, les rochers sculptés de Mahabalipuram, le temple de Konarak et les fameuses sculptures érotiques de Khajuraho. C'est se perdre dans des mégapoles comme Delhi, Mumbay ou Calcutta, immenses villes fourre-tout où viennent se greffer chaque année des milliers de personnes qui quittent leur condition misérable à la campagne pour venir grossir la population des bidonvilles.


Udaipur - Noce



Voir nos suggestions d'
itinéraires et

nos photos exclusives du pays
Voyager en Inde, c'est aussi s'imprégner de l'extraordinaire atmosphère de Varanasi, l’ancienne Bénares, et assister au lever du soleil sur le Gange en présence de milliers de pèlerins venus s'immerger dans les eaux du fleuve sacré. C'est aussi parcourir le formidable Rajasthan, avec ses forteresses, ses palais de maharajahs, ses villes magnifiques comme Bikaner, la ville rouge, Jaipur, la ville rose, Jodpur, la ville bleue, Udaipur, la ville blanche, et surtout Jaisalmer, la superbe ville dorée, avec sa citadelle perchée aux confins du désert de Thar, près de la frontière pakistanaise.

Voyager en Inde, c'est aussi traverser une nature fabuleuse. Des montagnes enneigées du Cachemire, dans l'Himalaya, à Srinagar et autour du lac Dal, jusqu’aux backwaters, dans l'état du Kerala, tout au sud, où la vie s’écoule doucement le long de canaux qu’on visite en bateau, l’Inde déroule une incroyable tapisserie de paysages.  Et pourquoi ne pas prendre quelques jours de vacances sur une des magnifiques plages de Goa, du côté de la mer Arabique, où à Mahabalipuram, du côté du golfe du Bengale?


On peut faire plusieurs voyages en un seul dans ce pays magnifique, déconcertant, multiple et coloré. Mais il faut savoir que l'Inde est un pays difficile. Non pas au plan physique ou à celui de l'organisation - les infrastructures de voyage y sont étonnamment bien développées – mais au plan moral et psychologique.

Selon l'ONU, avec déjà plus de 1,1 milliard d'habitants, l'Inde dépassera la
Chine comme pays le plus populeux de la planète vers 2030. On ne peut donc rester indifférent à ce qui ce passe dans un pays qui, il ne faut pas l'oublier, est aussi la plus grande démocratie du monde.
On met beaucoup l'accent en ce moment sur les succès économiques de l'Inde, succès réels et incontestables. L’Inde est devenu le centre mondial des technologies de l’information et la destination privilégiée des délocalisations d'entreprises. Il s'y développe donc une classe moyenne importante. Mais avec 20 millions de nouveaux habitants à chaque année, 100 millions à tous les cinq ans, 300 millions en 15 ans, le nombre de pauvres augmente beaucoup plus rapidement que la classe moyenne. Selon les estimations de la Banque mondiale, près de 40% de la population, plus de 400 millions de personnes, y vivent avec moins de 1$ US par jour.

L'Inde est un pays fascinant, étonnant, qui possède une culture millénaire d'une grande densité et d'une grande richesse. C'est aussi un pays où la religion, particulièrement l'hindouisme, occupe une place extrêmement importante dans tous les aspects de la société



Calcutta


Et c’est là que le bât blesse. De nombreux occidentaux déçus par leurs propres valeurs et attirés par la mystique indienne ont tendance à ignorer que sous des dehors de pays «cool» se cache une des sociétés les plus inégalitaires de la planète. Nulle part ailleurs la misère crasse n'est aussi publiquement affichée et banalisée. Et nulle part ailleurs la classe des possédants s'en fout autant.

La société indienne est dure, très dure. Pire encore que le simple phénomène de pauvreté dévastateur, la structure sociale et religieuse en place non seulement tolère les inégalités sociales mais elle les justifie et les perpétue.  Avec le système des castes, l’hindouisme indien fait de la misère un phénomène normal, accepté et immuable… dans cette vie.

C’est ainsi que, avec la croyance en la réincarnation, le système des castes devient carrément pervers. Quand on naît dans une caste, on ne peut espérer en sortir et on en fait partie pour toute sa vie. Pour améliorer son sort, on ne peut que souhaiter une meilleure prochaine incarnation.  De vie en vie, on devrait atteindre un jour le degré de pureté ultime qui mène au nirvana et libère du cycle des réincarnations. En attendant, la  prochaine vie est déterminée par celle que l’on vit aujourd'hui. Ainsi les parias et les miséreux ont tout intérêt à respecter les règles et à bien se conduire, en particulier en ne s’apitoyant pas sur leur sort et en ne se révoltant pas face à leur condition. Se révolter serait une grave erreur : une vie misérable doit permettre l’expiation des fautes antérieures et c’est une fatalité contre laquelle on ne peut rien.


Hyderabad

Selon la même logique, celui qui vit bien et occupe une position élevée mérite sa condition parce qu'il a mené de bonnes vies antérieures. Il peut donc se permettre de mépriser les gens des basses castes et même considérer que leur botter le derrière ne pourra que les aider dans leur cheminement vers une meilleure prochaine incarnation. Il s’en suit que l’entraide n’existe en Inde qu’à l’intérieur d’une même caste ou entre castes d’égal niveau, jamais du plus riche au plus pauvre ou du plus puissant au plus faible, ce qui rétrécit les perspectives de progrès social. D’ailleurs, l’entraide en Inde est beaucoup internationale.

Le gouvernement indien a aboli le système des castes dès l'accession du pays à l'indépendance en 1948. Mais dans la réalité quotidienne, le système, intimement lié aux valeurs religieuses et aux traditions séculaires qui imprègnent toute la société indienne, perdure. Dans les milieux éduqués et dans les villes, le système des castes tend à s'effacer, mais pas partout et surtout pas dans les campagnes où vit la majorité de la population.
Il est impossible d’échapper à la misère indienne. Elle est partout. On ne s'habitue jamais à la mendicité continuelle, aux gens qui dorment en masse sur les trottoirs jusqu’aux portes des hôtels, aux familles qui squattent les halls de gare ou les aéroports, aux enfants crasseux, aux femmes en haillons, aux vieillards squelettiques ou aux jeunes gens désespérés.

Bien sûr, on peut visiter l’Inde avec un voyagiste qui vous transportera de grands hôtels en grands hôtels, de monuments exceptionnels en sites incomparables, à l'intérieur du cocon douillet d’un groupe.
Quand on surfe au dessus de l'Inde réelle, la misère indienne à peine entrevue paraît très exotique, un peu comme si on la voyait à la télé. On peut aussi se précipiter dans un ashram, bien à l'abri de la réalité auprès de son gourou préféré, comme le font beaucoup d'occidentaux qui occultent le côté pernicieux et les effets pervers de l'hindouisme sur la société indienne au profit d'une spiritualité désincarnée du réel.

Mais l'Inde, ne n'oublions jamais, c'est l'avenir du cinquième de l'humanité. On ne peut surtout pas rester indifférent à son évolution.

Une visite en Inde se combine très bien avec une incursion au
Népal, son superbe voisin du nord, perché dans l'Himalaya.
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